Imaginez que vous soyez un simple ouvrier, sans histoire dont l’une des préoccupations principales est de se mettre en quatre pour faciliter la vie des personnes qui vous entourent. Imaginez qu’il vous arrive de lire des livres de philosophie, non pour vous cultiver, mais simplement parce que vous souhaitez trouver des réponses à la question: comment bien vivre? Imaginez qu’il vous arrive régulièrement de désamorcer des conflits, parfois d’aider la voisine et ses enfants à payer son loyer quand les fins de mois sont trop difficiles. Imaginez que vous soyez sans confession particulière, attentif aux autres mais sans autre motif que celui de leur présence dans votre vie.
Oui, en énumérant toutes ces qualités, je réalise déjà la distance qui peut séparer de Joseph Turner. Mais bon, qu’à cela ne tienne, je continue un peu cet exercice…
Imaginez que vous ayez été très amoureux d’une personne aux moeurs plutôt répréhensibles suivant les codes moraux, une personne prête à louer son corps pour gagner sa vie. Imaginez enfin que dans l’exercice de votre métier, vous êtes riveteur, c’est-à-dire un ouvrier qui fixe les poutres métalliques constituant l’armature des buildings, vous fassiez un jour une chute de 24 étages, une centaine de mètres du sol.
A priori nous sommes arrivez à la fin de notre exercice d’imagination… Pourtant vous vous relevez. Il y a des dizaines de témoins. Votre montre a volé en éclats, mais vous, vous êtes indemnes, pas une égratignure. Les médecins n’en reviennent pas, les journalistes veulent tous un scoop, vous devenez à votre corps défendant une super star.
C’est dingue comme histoire. Quel sens peut bien prendre votre vie après un tel événement? C’est tout le propos du livre de Charles Sailor, Le second fils de l’homme, more…