Dimanche, novembre 15th, 2009 | Author: Pierre

Je suis entré dans le dharma en 1997. Entrer dans le dharma cela signifie qu’à un moment de ma vie, j’ai ressenti la nécessité de m’en remettre à une voie de compréhension plus large, une voie qui m’ouvrait sur un au-delà de moi-même, mais aussi une voie qui résonnait avec mes profondeurs, comme pour rentrer chez soi, sauf qu’ici la maison est ouverte. Cette voie est celle du bouddha. Pour franchir ce pas, j’ai beaucoup lu, j’ai beaucoup observé en moi et autour. Des hésitations, des rencontres, des rires, des émotions et une paix profonde m’ont mené jusqu’à cette entrée.

Des rencontres il y en a eu beaucoup: multiples, différentes, enrichissantes, surprenantes, décevantes, choquantes, énergisantes, pérennes ou occasionnelles. Ces rencontres, quelque soit la coloration émotionnelle dont on les habille, ont toute une importance particulière. J’ai eu la chance de rencontrer plusieurs fois Lama Tcheupel et toute l’épaisseur de l’incarnation qu’il représentait.

Lama Tcheupel

Lama Tcheupel

De Tcheupel, pour peu que l’on soit sensible aux manifestations de la vie, on retiendra les photos qu’il faisait des fleurs et de la nature. Des images simples qui retiennent la quintessence de l’observation.

Lama Tcheupel accompagnait ses clichés de poème de Yélha

Lama Tcheupel accompagnait ses clichés de poème de Yélha

Il a toujours été très attentif à l’aspect pratique des questions que je lui posais. En enseignement, il m’ait arrivé, avide de connaissances, de l’interroger sur l’alaya-vijnana, cette conscience de tréfond qui occupe une partie des enseignements inspirés de Maitreya et transmis par Asanga, questions auxquelles il répondait sommairement. Après une certaine déception, j’en venais à me demander quelle était l’importance pour moi, l’importance pratique dans ma vie quotidienne de telles questions. Et effectivement, je pouvais conclure qu’il s’agissait davantage de “coquetteries intellectuelles” que d’un besoin impérieux de comprendre pour agir avec davantage de discernement. Avec le temps, la transfiguration qu’impliquent les enseignements d’Asanga se révèlent davantage, et du coup les réponses de Tcheupel n’en sont que plus sensées.

En entretien, Tcheupel m’a enseigné la patience et la persévérance. La pratique de l’attention, l’approfondissement de la présence au monde et à soi est un long chemin qui n’a d’égal que l’ampleur des révélations qu’il dévoile. Cela demande donc le développement de qualités pour cheminer jusqu’à son terme.

Comme Lama Denys Rinpotché, Lama Tcheupel a rencontré Kalou Rinpotché en Inde à la fin des années 60 ou au début des années 70. Cette rencontre a transformé sa vie et celles de milliers d’autres personnes dans leurs sillages. Avec cette réceptivité sacrée qui permet de comprendre que tout est possible, il leur est apparu que ce vieil homme au langage mystérieux pouvait leur transmettre le sens de leur existence, comment vivre, comment être heureux, une voie possible parmi l’infinité qui s’offre à chacun de nous.

Kalou Rinpotché

Kalou Rinpotché

Lama Tcheupel, après avoir oeuvrer durant des années à l’Institut Karma Ling, aujourd’hui baptisé Domaine d’Avalon, s’est fait pèlerin du désert. C’est au désert où il menait depuis plusieurs années des centaines de personnes. Comme Marie-Madeleine Davy l’avait écrit, il n’existe aucune autre voie, pour les hommes de bonne volonté, que celle de l’intériorité, et la voie royale qui y mène est celle du désert. Cette voie, Lama Tcheupel l’a donc emprunté jusqu’au crépuscule de sa vie, jusqu’à ce lundi 9 novembre où ces pérégrinations se sont achevées par une crise cardiaque.

Lama Tcheupel m’a transmis de la lumière issu du bouddha lui-même et aussi une partie du langage des fleurs…

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