Enseignements

Libraire-enseignant du départ

La librairie est une partie très importante de ma vie professionnelle. A vrai dire, il s’agit même de la plus importante en terme d’investissement puisque c’est mon activité à temps plein depuis 1998. J’ai commencé à travailler chez Gibert Joseph en décembre 1995, mais à l’époque je ne savais pas si j’allais en faire mon activité principale. Je travaillais donc à mi-temps, en préparant les concours de l’enseignement secondaire.

C’est à la même époque que j’ai donné mes premiers cours d’économie à CPE. Il ne s’agissait encore que de quelques heures dispensées entre octobre et décembre, qui plus est des heures de TD.

La rencontre d’Elisabeth et de la Formation Humaine

Avec l’arrivée d’Elisabeth Bruyère-Chanteur comme responsable pédagogique du département de Formation Humaine de l’Université Catholique de Lyon, mon travail d’enseignement a changé. Elisabeth est en effet la première personne à m’avoir accordé sa confiance en me proposant un cours de 24h consacré à l’économie. De formation et de profession de psychologue, Elisabeth est particulièrement sensible aux aspects humains de l’économie. Aussi m’a-t-elle tout de suite incité à travailler sur le cours en insistant sur la dimension citoyenne de tout acte économique.

C’était un véritable bonheur d’œuvrer dans ce sens parce que cette dimension m’avait cruellement manqué tout au long de mes études. Carte blanche m’était donné quant aux contenus du cours, et j’explorais à loisirs des travaux que je n’avais pas pu abordés jusque là. Elisabeth m’expliquait en parallèle les trois axes qui définissent l’espace dans lequel nous développons nos réflexions en Formation Humaine :

  • la responsabilité
  • la solidarité
  • la conflictualité

La difficulté d’enseigner

Toute la difficulté de l’enseignement ne provient pas du choix des contenus à transmettre. Le choix des contenus est une affaire d’authenticité. On transmet ce qui nous parait essentiel. C’est une affaire de cœur. La partie merveilleuse avec Elisabeth, c’est justement que nous nous sommes retrouvés sur l’essentiel. La moitié du chemin était fait sans heurt ni discussions interminables parce que dans le fond nous partageons les mêmes valeurs et le même désir de les voir se refléter dans nos enseignements.

L’autre partie du chemin restait néanmoins à faire. Elle consiste à répondre à la question « Comment transmettre ? ». Ce chemin là n’a pas de fin. Tous les jours il faut se remettre à l’ouvrage. Rien n’est jamais acquis. Tout le travail consiste à mobiliser les étudiants, à susciter leur intérêt, à toucher leur sensibilité et à trouver ce lieu mystérieux de la communication authentique où se rejoignent l’émerveillement de celui qui découvre et l’émerveillement de celui qui rencontre un espace où sa parole résonne, où elle s’amplifie, où elle « s’harmonise » comme dans une église. Cette rencontre, capricieuse, se soustrait à toute contrainte, elle se refuse à toute obligation, elle demeure sensible à l’inspiration. Elle est vivante, fluide et insaisissable. Elle est le niveau le plus élevé de la communication, la communion.

Des cours jaune, rouge et bleu

Il m’a fallu renoncer au désir de fixer cette rencontre. Pour y renoncer j’ai même dû renoncer à enseigner, avant de réaliser que ce choix ne m’appartenait pas : j’ai besoin d’enseigner et d’apprendre comme j’ai besoin de respirer. Comprendre cela m’a apaisé. Aujourd’hui je m’occupe de trois cours qui se complètent parfaitement.

  • « Economie citoyenne » aborde cette discipline sous l’angle de ses relations intimes avec l’écologie. Ce cours représente aussi l’aspect matériel, le « corps », le substrat de nos vies individuelles et collectives, substrat essentiel, incontournable et pourtant incomplet.
  • « Lectures de l’événement » aborde la question de la communication, principalement médiatique. Ce cours représente aussi l’aspect transmission, « parole », la continuité de nos vies individuelles et de la vie en général dont la caractéristique est sa capacité à tisser des liens entre toutes ses formes, de perdurer dans un cycle incessant de naissance et de mort.
  • « Religions et civilisations » aborde la question de la spiritualité, à la fois dans notre environnement mais également en chacun. Ce cours représente l’aspect « esprit », le souffle qui nous anime, « pneuma », ce que certain nomme l’étincelle divine, ou l’étincelle d’éveil.

Corps, parole, esprit, tous trois interdépendants et dont la réunion forme l’unité de nos vies, les couleurs chatoyantes de nos existences, jaune, rouge, bleu…