Nous vivons dans un monde où il est facile de se sentir totalement démuni, simple feuille emportée par le vent de l’histoire que nous subirions soit en vertu de lois économiques aussi déterministes que les lois physiques, soit en vertu de la volonté opiniâtre d’autres individus plus élevés dans l’échelle sociale et dont les décisions seraient suivies d’effets beaucoup plus importants que nos propres choix.
Ce discours aussi séduisant soit-il pour des oreilles engourdies n’en est pas pour autant juste. Il n’a de vérité que par le crédit que nous lui accordons. Non pas que chacun d’entre nous soit tout puissant, capable de changer le monde comme il le souhaite, mais plutôt, comme l’écrivait Ralph Waldo Emerson, l’un des pères du transcendantalisme américain, que “rien n’est sacré si ce n’est l’intégrité de notre propre conscience“. Pour reprendre Ellie Arroway, brillante astronome du roman Contact de Carl Sagan, “le monde est ce que nous en faisons“. Dans ce cours d’économie citoyenne, nous aborderons aussi la citoyenneté d’un point de vue théorique, mais pour l’instant laissons cela de côté pour se concentrer sur l’expérience de “se sentir citoyen“. “Se sentir citoyen“, signifie se sentir impliquer dans la vie de notre quartier, dans la vie de notre ville, dans le devenir de notre région, de notre pays ou de notre monde. “Se sentir citoyen” signifie encore sentir notre participation à toutes ces échelles, aussi infime soit-elle. “Se sentir citoyen” signifie aussi s’inscrire dans une histoire qui nous dépasse et que pourtant nous faisons notre avec plus ou moins de lucidité. Finalement, “se sentir citoyen” implique une certaine perméabilité de notre être, cela signifie parfois d’avoir le courage de sentir notre propre vulnérabilité. |
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Ce cours est une invitation pour chaque étudiant à ouvrir davantage son regard sur le monde, à l’approfondir, à le travailler avec la technicité et la sensibilité du sculpteur. Nous partagerons nos savoir-faire et nos savoir-être pour enrichir le groupe de nos richesses particulières, partager et parfois aussi confronter nos points de vue.
“L’attention vient naturellement si le “moi” est élargi et approfondi, de sorte que la protection de la nature libre est ressentie et envisagée comme la protection de nous-même […] notre comportement suit [alors] avec naturel et brio les normes d’une éthique strictement liée à l’environnement”.
Arne Naess